La Belle Poule

Frégate de 1765, portant du calibre de 12 livres.

LA BELLE POULE fait partie de la classe des "frégates de 12", c'est à dire qu'elle portait des canons de 12 livres à sa batterie. Elle était donc armée de 26 canons de 12 en batterie, et 10 canons de 6 sur les gaillards.

Cette frégate a été construite à Bordeaux, en 1765, sur les plans de l'ingénieur GUIGNACE. Elle s'est illustrée dans un combat célèbre, le 17 juin 1778, contre la frégate anglaise ARETHUSE, mais elle ne réussit à l'emporter que grâce au sacrifice du lougre LE COUREUR, qui l'accompagnait, et qui, pris à partie par le cotre anglais ALERT, dût capituler après un combat héroïque. Ce combat victorieux de la BELLE POULE a rendu le nom célèbre, puisqu'il a été repris pour une grosse frégate de 1834 ( celle qui a ramené en France les cendres de Napoléon Ier ) et est encore porté, de nos jours, par une des deux goélettes-école de la Marine Nationale Française, L'ETOILE et LA BELLE POULE.

Mais cette première BELLE POULE n'eut pas autant de chance, en 1780, lors d'un combat défavorable avec un vaisseau anglais de 72 canons, donc beaucoup plus puissant, et elle dût amener son pavillon. Ce triste événement, malheureusement trop fréquent à l'époque, eut comme avantage, qu'après sa capture, les arsenaux anglais relevèrent le plan de la frégate, avant de la transformer selon les usages anglais, pour l'incorporer dans leur propre flotte.
C'est donc à partir de ce plan anglais, enrichi par d'autres sources, que Jean BOUDRIOT a établi une monographie très complète de LA BELLE POULE, comprenant 22 planches donnant tous les détails pour la construction du modèle, sans toutefois en donner la charpente complète.

Le modèle de Bernard FRÖLICH , basé sur cette monographie, est à l'échelle habituelle du 1/48e,et il est gréé, sous voilure établie. La coque est entièrement bordée, et seule une partie de la charpente des ponts est visible sur les gaillards.

En fait, le modèle représente la frégate LA BELLE POULE s'apprêtant à mouiller ses ancres. Pour cela une mise en scène a été choisie : la frégate a "mis en panne", et elle est en train de mettre à la mer ses embarcations. La mise en panne consiste à ralentir la marche du navire au maximum, en se mettant en travers du vent, et en annulant son effet dans la voilure, par ailleurs largement réduite, en contrariant l'orientation des voiles. Les basses-voiles majeures sont donc remontées sur leur vergue par leurs cargues, les perroquets affalés avec leur vergue sur le ton, et leurs écoutes mollies. Le grand hunier est brassé à contre, et prend le vent par l'avant, compensant ainsi l'effet du vent sur le petit hunier et le perroquet de fougue. Les voiles d'étai sont serrées le long des mâts ou dans les hunes, seule la voile d'artimon et un unique foc sont conservés pour ajuster le réglage de la panne.

Les embarcations sont mises à l'eau l'une après l'autre, en s'aidant des caliornes et de palans gréés en bout des vergues basses, dont l'orientation contrariée facilite par ailleurs la manoeuvre. En temps normal, à la mer, les embarcations sont arrimées sur leur chantier sur le pont de la batterie, entre les passavants, et empilées l'une dans l'autre, les bancs enlevés. Pour utiliser la chaloupe, seule capable de porter une ancre, il n'y a pas d'autre solution que de mettre à la mer le petit et le grand canot. Ainsi en est-il du petit canot, déjà amarré le long du bord. Le grand canot est suspendu par les palans au-dessus du passavant, pour être descendu ensuite. Enfin, la chaloupe est encore sur son chantier, avec ses bancs et sa drome, et c'est elle qui participera à la manoeuvre de mouillage, en emportant l'ancre à mouiller, ou sa bouée d'orin.
A bâbord, la première ancre est prête à la manoeuvre. Elle est suspendue au bossoir par la poulie de capon et la bosse de bout.

Le modèle est en poirier, en ébène et en buis, avec un peu d'érable pour les bordages des ponts. La charpente des gaillards est en partie visible. Les virures de bordage de la carène, en poirier, sont interrompues en biseau le long de la flottaison, et prolongées au-dessus en ébène. La construction du modèle s'est étalée sur trois ans et demi, de 1986 à 1990, et a demandé près de 2200 heures.

Les dimensions du modèle sont les suivantes :
Longueur = 138 cm.
Hauteur = 112 cm.
Largeur = 50 cm.